Vue panoramique de Clermont-le-Fort
Les Amis de Clermont‑le‑Fort

1851, 1956, 2006 : Un savant trop prudent, une découverte restée confidentielle

Stèle en hommage à Jean-Baptiste NouletAu tournant de la route D35 juste au-dessus du pont qui enjambe le ruisseau de Notre-Dame, au lieu-dit l’Infernet (« petit enfer » car en ce lieu écarté, les voituriers s’embourbaient et les passants craignaient d’être détroussés), les promeneurs d’aujourd’hui observent une stèle sur laquelle est écrit :

« Ici, en 1851,
Jean-Baptiste Noulet
prouva par ses découvertes
l’existence de l’homme fossile ».

Le passant se demandera : qui est J.B Noulet et qu’est-ce que « l’homme fossile ».

L’homme fossile est ce qu’on appelle aujourd’hui « l’homme préhistorique » mais à l’époque, le mot même de préhistoire n’est pas encore en usage.

Portrait de Jean-Baptiste Noulet

Jean-Baptiste Noulet - Venerque 1802-1890

Jean-Baptiste Noulet est né à Venerque, à Bézégnague,  une maison située sur le coteau à la limite de Clermont. Médecin, botaniste, malacologue, philologue, il était à l’Académie des Sciences de Toulouse le collègue de Florentin Ducos, propriétaire à Clermont. Celui-ci, observant les travaux de terrassement exigés par la construction de la route et du pont, l’informa des trouvailles qui s’y faisaient. Noulet vint aussitôt recueillir les ossements d’animaux et les cailloux « offrant des cassures nettes et anguleuses », cassures qui font penser à une action humaine. Ce qu’observait Noulet touchait une question qui préoccupait depuis peu les curieux : A l’Académie des Sciences, des collègues de Noulet fouillent des grottes et sont persuadés de l’ancienneté de l’espèce humaine mais la lecture littérale de la Bible amenait à croire qu’elle n’existait que depuis 4 000 ans.

En 1851, Noulet voudrait des preuves encore plus évidentes que ces cailloux sont taillés de main d’homme. Des ossements humains seraient la preuve irréfutable, que recherche aussi dans la vallée de la Somme Boucher de Perthes pour faire accepter l’idée que des hommes ont pu vivre en même temps que les animaux fossiles. L’idée est si contraire à l’opinion commune que Noulet présentant sa découverte à l’Académie des Sciences de Toulouse, le 3 février 1853, demande à ce que sa découverte ne soit pas encore publiée.

Mais le consensus des scientifiques progresse : Boucher de Perthes fait accepter ses conclusions en 1859. Le travail de Noulet publié en 1860 n’aura pas la reconnaissance qu’il méritait, Noulet a laissé échapper l’occasion d’être connu comme le père de la préhistoire.

Nous présentons sur ce site :

1) l’article de synthèse publié par Noulet en 1881 où sont dessinés les outils et fossiles trouvés à l’Infernet.

2) Le rapport de Louis Méroc sur les fouilles de 1956

3) Les références de la découverte en 2006 du plan et coupes dessinés par Noulet
Les plans qui manquèrent à Louis Méroc comportent un extrait du plan cadastral et trois dessins à la plume représentant une coupe du ravin. Pourquoi Noulet n’a-t-il pas publié ces documents alors que, disent les découvreurs, il a mis un soin extrême à les dessiner ? Peut-être a-t-il craint que leur divulgation ne conduise au pillage ou à la destruction de ces preuves qui, à l’époque, frisaient l’hérésie. Peut-être voulait-il accumuler de nouveaux faits pour que sa publication soit scientifiquement inattaquable ».